POINT DE PRESSE N°001/CADH/P/2018
Le Collectif des Associations de Défense des Droits de l’Homme (CADH)
porte à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale les
manœuvres politiciennes du pouvoir MPS qui portent gravement atteinte à la
démocratie et à l’Etat de droit au Tchad depuis la tenue du forum dit national
et inclusif sur les réformes
institutionnelles du 19 au 27 mars 2018.
En effet, après l’annonce du projet des réformes par le Chef de l’Etat,
le CADH a contribué à la publication du rapport alternatif de la société civile
tchadienne sur les réformes institutionnelles intitulé ‘’Les Réformes
institutionnelles au Tchad : entre ambitions partisanes et unité
nationale’’ sous la conduite du Comité de Suivi de l’Appel à la Paix et
à la Réconciliation (CSAPR). Aussi, en tant que partie prenante audit rapport, le
CADH avait pris la décision de participer au forum national organisé par le
Gouvernement afin de faire valoir ses propositions et ainsi, contribuer à
l’émergence d’un Etat de droit et la consolidation de la démocratie tchadienne.
Malheureusement, la conduite des travaux faite dans un cafouillage digne
d’un régime autoritaire habitué au culte de la personnalité a obligé le CADH à se
retirer au deuxième jour des assises tant les règles du jeu étaient pipées
d’avance et ouvrant ainsi la porte à l’adoption des propositions, somme toute
scandaleuses, pour un pays à vocation démocratique et ayant fait l’objet de la
nouvelle constitution validée en conseil des ministres et soumise à l’adoption
définitive par l’Assemblée nationale. Il s’agit entre autres de la suppression
de la Primature, de l’instauration du régime présidentiel intégral et de
l’adoption de la nouvelle constitution dite de la « 4ème
République » par l’Assemblée nationale.
Le CADH dénonce et condamne vigoureusement ce braquage constitutionnel et
ce passage en force savamment orchestré au mépris de plus de
14 millions de tchadiens qui ne sauraient être représentés par quelques
800 participants au forum.
Le CADH réitère que le Tchad, un pays déjà très mal gouverné, n’a
nullement besoin d’un président intégral et fort ou « armé d’un gros
bâton ». Bien au contraire, le pays a besoin d’institutions
démocratiques assez fortes et crédibles, capables d’assainir sa gestion et de
consolider la paix. Aussi, il est inadmissible de faire adopter une
constitution qui touche aux fondamentaux de la République par une Assemblée
nationale illégitime et aux ordres.
Dans ce contexte de grave recul démocratique, le CADH est surpris de
l’interprétation très grave et erronée de la position courageuse de la
Conférence Episcopale du Tchad (CET) qui n’est qu’une contribution non
négligeable à la consolidation de la paix sociale et des cœurs, par le
Gouvernement et certains groupuscules qui risqueraient de mettre
en mal la cohésion Sociale. Nous invitons donc les uns et les autres à
s’inscrire dans un débat contradictoire constructif sans jeter de l’huile sur
le feu. Le CADH, salue la sortie de la Conférence Episcopale du Tchad
(CET), qui n’a pour seul souci que de contribuer à l’expression citoyenne de la
démocratie.
Malheureusement, fidèle à sa politique de sourd-aveugle, le
gouvernement, par la voix de sa Secrétaire générale, s’est lancé, ce jour 21
avril 2018, dans un verbiage habituel en accusant l’épiscopat catholique de « semer
la division entre les Tchadiens et de faire voler en éclat le climat de paix et
de cohésion sociale acquis dans le cadre du dialogue interconfessionnel ».
Le CADH rappelle au Gouvernement que le dialogue interconfessionnel a pour but
de créer les bonnes conditions du vivre ensemble entre les Tchadiens. En
aucun cas, celui-ci ne saurait obscurcir les dérives dictatoriales d’un régime.
Nous exhortons les trois confessions religieuses à rester soudées, unies et de
continuer à dire la vérité au Gouvernement
et lui rappeler ses responsabilités ; car, Dieu est un Dieu de
vérité et non de mensonge.
Enfin, le CADH appelle à une large concertation de la société civile
tchadienne pour faire face ensemble à ce recul démocratique sans précédent dans
notre pays.
Fait
à N’Djaména, le 26 avril 2018
Pour
le CADH, le Président
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