Rencontre avec les leaders religieux



Il s’est tenu ce 09 février 2018 à l’APLFT une rencontre d’échanges entre le Collectif des ADH et les leaders de la plateforme de dialogue interreligieux. Elargie à d’autres organisations de la société civile parties prenantes à la plateforme de concertation sur la crise, cette rencontre a vu un seul point était inscrit à l'ordre à savoir : échange et  réflexion sur le contexte afin d’identifier les voies et moyens pacifiques de sortie de crise, et ce à la demande des leaders religieux.
Après une tour de table de présentation, le Président de l’APLFT, par ailleurs président en exercice du CADH, a présenté le collectif et ses activités sans oublier les associations faisant partie dudit collectif. Après cela, il a introduit la rencontre en remerciant les leaders religieux pour l’humilité qui les a conduits vers le collectif afin d’échanger sur les voies et moyens pour sortir le pays de la crise.
La parole a été donnée à l’Archevêque de N’Djamena Mgr Edmond DJITANGAR qui a fait savoir qu’en leur qualité de leaders religieux, ils ne doivent pas être des observateurs mais des acteurs actifs pour faire face à cette situation puisque cette situation interpelle tout le monde. En date du 24/01/2018, le Conseil Supérieurs des Affaires Islamiques (CSAI) a fait sortir un communiqué de presse pour donner sa position par rapport à cette crise que traverse le pays. Prenant la balle au rebond, l’Archevêque de N’Djamena, lors de son homélie du dimanche 03/02/2018 a décrié cette situation en appelant le gouvernement à revoir sa position et de trouver une solution à cette crise que traverse le pays.
En date du 05/02/2018 a-t-il précisé, les leaders des confessions religieuses se sont réunis pour analyser des pistes de solutions propices à cette crise. La décision qui a été prises à l’issue de cette réunion était d’aller vers d’autres structures pour voir les points de blocage puisque le dialogue tarde à porter des fruits. Entre autre, ils ont été reçus à la primature ; ils ont échangé avec la plateforme intersyndicale. Le tout dans l’objectif de rétablir la situation et le bon vouloir de vivre en paix.
Après cette intervention, Cheick Abdadayim Abdoulaye, par ailleurs Secrétaire général du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques (CSAI), a rappelé l’importance du rôle que jouent les OSC, raison de leur présence à cette rencontre. Selon l’imam, toutes les couches sociales ayant été touchées, il faut créer un terrain d’approche afin de solutionner la crise. Leur qualité de leaders religieux leur impose de se joindre à la population pour cette lutte. A sa suite, le représentant de l’EEMET, Pasteur NGARYEDOUM Elie s’est félicité de la disponibilité des OSC à les recevoir et appelle à l’engagement de tous pour trouver une sortie pacifique et durable à la crise.
Prenant la parole à leur tour, les responsables des OSC présentes ont, tour à tour, exprimé leur point de vue par rapport à la situation dans laquelle se trouve le pays.
Le Secrétaire Général de l’Association de Défense des Droits des Consommateurs (ADC) a pris la parole pour saluer l’initiative des leaders des confessions religieuses qui ont, de par leur intervention, permis de résoudre moult conflits. Selon lui, une mesure unilatérale n’est pas bénéfique, raison pour laquelle le gouvernement doit se surpasser puisque le contexte n’est pas favorable pour une quelconque position de force.
Le coordonnateur de Tchad Non-violence (TNV) Nodjindo Marcelin a, quant à lui, rappelé que les ADH avaient tiré la sonnette d’alarme mettant en garde le gouvernement il y a de cela une décennie sur la gestion du pays. Pour lui, cette situation est alarmante puisque des salaires des fonctionnaires, dépendent une suite de personnes. Il est inadmissible de couper le salaire, et donc le pouvoir d’achat des populations, et paradoxalement augmenter le coût de la vie. Tout le monde est unanime et il va falloir selon lui que le gouvernement reconnaisse son tort et revienne à de meilleurs sentiments. Ce qu’il a le plus déploré, comme si cela ne suffisait pas d’affamer la population, celle-ci est victime de toutes sortes de violences de la part du gouvernement. Il a recommandé aux leaders religieux de parler franchement au gouvernement pour que ces mesures d’austérité puissent être levées.
Le président de la Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH), Me Midaye GUERIBAYE, en saluant cette initiative des leaders religieux, leur a recommandé de continuer à prier. Il s’est appesanti sur le droit du travail qui est sacré et fondamental car les vies d’une multitude de personnes en dépendent. Cette situation a contribué à accentuer la misère de telle sorte que le citoyen refuse de réfléchir car il ne pense qu’au ventre. Il a qualifié cette décision de saut dans le vide puisque mêmes les institutions de la République sont affaiblies, très mal gérées.
Pour le président de Droits de l’Homme Sans Frontières (DHSF) Layibé Tourdjoumane, le gouvernement est en train d’enfoncer la situation au lieu de chercher des voies et moyens pour la résoudre. Les fonctionnaires tchadiens en général sont mal traités et cette situation est alarmante. Il propose que le gouvernement respecte les acquis et qu’il poursuive ceux qui ont détourné les biens de l’Etat.
La présidente de l’Association des Femmes Juristes du Tchad (AFJT), Mekonbé Thérèse a apprécié cette initiative des leaders religieux à travers les diverses démarches entreprises. Selon elle, le gouvernement ne doit s’en prendre qu’à lui-même à cause de la mauvaise gestion du pays. Le bilan des 16 mesures n’a pas été fait ou connu et le gouvernement se permet de couper les salaires des fonctionnaires. Selon elle, les mesures antisociales ne vont jamais permettre de sauvegarder la paix. Le train de vie des membres du gouvernement est resté le même alors que la population ploie sous les difficultés créées par ce même gouvernement. Ce dernier doit se remettre en cause car le peuple est au bout de l’asphyxie.
La Coordinatrice Générale de l’APLFT a, quant à elle, fait savoir que c’est un privilège d’accueillir les hommes de Dieu. Cela montre la gravité de la situation, la profondeur de la crise. Selon elle, l’amour du prochain a été toujours enseigné par les leaders religieux et priver son prochain du minimum est inacceptable. La crise est à son comble et c’est triste de voir les femmes allumer le feu avec des bouteilles en plastique, les bouses d’animaux (devenues chères) et les dômes. Pour elle, l’Etat doit se conformer au résultat de l’audit des finances publiques réalisées par l’Union Européenne pour dégager les fonctionnaires fictifs, les mineurs, les faux diplômés…  
Le président de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture, section du Tchad (ACAT-Tchad) Me NODJITOLOUM Salomon a, pour sa part, déploré la fermeture des écoles, des hôpitaux, l’absence d’une bonne justice, etc. Cette situation mérite que le gouvernement puisse réfléchir et fléchir  et éviter de réprimer ; car l’on ne va pas en grève par gaieté de cœur. Il demande aux leaders qui ont des mots justes, d’intercéder auprès de l’Etat afin de lever cette mesure d’austérité.
Le Coordinateur de l’Action des Partenaires pour l’Appui au Développement (APAD) Ngarassal  Saham Jacques, sceptique par rapport à la position de l’Etat, a salué l’initiative des leaders religieux.
Reprenant la parole, le Président de séance a rappelé la profondeur de la crise et appelle à consolider ce qui a été entrepris car il a été constaté que le gouvernement campe dans sa fermeté, son mensonge et sa mauvaise foi. En guise de recommandation, il a demandé aux leaders religieux de faire comprendre au gouvernement la nécessité d’annuler purement et simplement ces mesures antisociales, la purge du fichier de la Fonction Publique pour déceler les fonctionnaires fictifs. En outre, que le gouvernement soit humble à l’exemple des leaders religieux afin d’échanger. Il leur a, par ailleurs, demandé de restituer les divers points de vue du collectif et a demandé aux leaders de se rapprocher du Collectif des Organisations de la Société Civile dirigé par Mahamat Nour Ibedou, de la CELIAF, sans oublier le CASIDHO pour recueillir les points de vue de toutes les couches de la société civile.
Les leaders religieux ont remercié les responsables des OSC présentes pour leur franchise et promettent de jouer leur partition pour réinstaurer le dialogue afin de faire évoluer les positions. Toutefois, ils se disent conscients que la tâche ne sera pas facile. Néanmoins, ils ont appelé les OSC à la sérénité, au calme et à opter pour des voies pacifiques afin d’éviter toute trouble.
Commencé à 16 heures, la réunion a pris fin à 17 heures 30.
Etaient présents:


Noms et Prénoms

Fonction

Organisation

01

DAOUDA EL HADJ ADAM
Secrétaire Général
ADC

02

NODJINDO MARCELIN

Coordonnateur

TNV

03

BANADJI BOGUEL PYRRHUS

Président

APLFT

04
LARLEM MARIE
Coordinatrice Générale
APLFT
05

MEKOMBE THERESE

Présidente

AFJT

06
DARDAYNKALANG MALME CLARK
Secrétaire Caissier
CADH


07

RASSEMBAYE OLIVIER

Chargé de communication

PILC

08

NODJITOLOUM SALOMON

Président

ACAT-Tchad

09

DJIMTONE NDOLENGAR

Secrétaire général Adjoint

TNV

10

DOUMLAH MARSOU SIDOINE

Secrétaire Permanent

CADH
11
MIDAYE GUERMBAYE
Président
LTDH
12
NODJINDO SEVERIN
1er Rapporteur
ATPDH
13
NGARASSAL SAHAM JACQUES
Coordinateur
APAD
14
DJITANGAR EDMOND
Archevêque de N’Djamena
Catholique
15
Cheick ABDADAYIM ABDOULAYE
Secrétaire Général
CSAI
16
NGARYEDOUM ELIE
Membre
EEMET, Plateforme
17
LAYIBE TOURDJOUMANE
Président
DHSF
18
ABBE GUELBE ROMAIN
Coordinateur
Plateforme confessionnelle
19
ABBE ALPHONSE KARAMBA
Vicaire général
Catholique

DOUMLAH Sidoine, Secrétaire permanent du CADH

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